2019
3:5 reconstitution 3D of the Bunker C.A.A.O.U. (330x395x230cm) in flames, as it will also appear in the project «Quad-Core Mausoleum», a digital archive of Wonder Liebert
De l’école des arts décoratifs de Paris aux friches urbaines qu’il a squattées, du cadre institutionnel aux formes de vie alternatives, Nelson Pernisco comprend tôt que l’organisation de l’espace et du temps dépend des volontés qui s’en emparent. Ses premiers travaux formulent en ce sens une critique des dispositifs de pouvoir, de surveillance et de contrainte, prenant la forme de constructions brutalistes aux formes anarchiques qui font directement écho à l’instabilité du monde. Le plasticien met donc l’énergie séditieuse de ses débuts au service d’une logique de résistance artistique : de cocktails Molotov en débris calcinés, l’utilisation de rebuts industriels ou technologiques, de matériaux pauvres et souvent récupérés, lui sert en effet à souligner la violence d’un système, en ironisant sur la pérennisation de l’état d’urgence ou la standardisation des logiques capitalistes. L’imaginaire des matériaux est donc toujours tributaire des significations politiques qu’ils recouvrent, mais depuis peu, la critique de la fabrique de l’histoire, et des lectures qu’on peut en faire, laisse place à une réflexion sur l’art comme force de proposition. Portée par une ambition prospective, l’exposition rend compte du pas décisif que marque son œuvre en passant de l’acte purement dissident à une pensée plus projective, d’une vision dystopique inquiète à la possibilité d’une utopie concrète.